Parlement Européen: la Commission dit non !

Publié le par Nth

J'ai bien des choses à vous raconter, mon voyage de deux jours, riche en émotions et rencontres, une lettre d'Addis à traduire mais tout d'abord, voici un court compte-rendu de l'Audience du 15 mai dernier.

Le comité du Développement, le comité des Affaires Etrangères ainsi que le sous-comité des Droits de l'Homme organisaient conjointement une audience exceptionnelle sur la situation politique en Ethiopie, audience à laquelle j'étais conviée à participer.

Je vous passe volontiers le stress et l'angoisse, la déception inévitable - ce n'est jamais comme dans vos rêves, on ne dit qu'une partie de ce qu'on voulait dire: les témoins ne disposaient que de 3 minutes chacun - et vous raconterai plus en détail dans un prochain post.

Je pense néanmoins que notre équipe de 7 invités, représentants de partis d'opposition ou témoins de la répression, a atteint son objectif, dénoncer le régime de Meles Zenawi pour ce qu'il est: une des dictatures les plus sanguinaires de la planète. Nos images et vidéos à elles seules le démontraient.

Le fait que l'ambassadeur éthiopien auprès du Parlement n'ait pas daigné ou osé... se présenter  a d'ailleurs confirmé une impression déjà désastreuse.

La remarquable Anna Gomes, chef de la mission d'observation des élections de Mai 2005 et adversaire farouche du gouvernement éthiopien, s'est déclarée satisfaite et certaine que davantage de députés européens s'engageront désormais à ses côtés.

Mais le fait marquant, pour moi, de cette réunion, fut l'intervention d'un Monsieur Truc-Carvahlo - vous comprendrez pourquoi je n'ai aucune envie de faire preuve de politesse et de m'informer de son nom - représentant  la Commission Européenne.

La Commission est indépendante du Parlement et relève des Etats Membres, l'opinion de leurs parlementaires, pourtant élus eux, disons-le sans ambages... ils s'en battent l'oeil !

Chargé de présenter la position des "donneurs" (1) après nos témoignages accablants, M. Machin Carvahlo, s'est lancé dans une interminable énumération de toutes leurs vertueuses indignations. Coupé, ce n'est que justice, par Madame Hélène Flautre, présidant le sous-comité aux Droits de l'Homme et sommé de nous dire si oui ou non, la Commission entendait prendre les mesures prévues aux termes de l'article 96 des accords de Cotonou - essentiellement des sanctions  visant les cadres du régime et l'interruption de l'Aide Internationale -, M. Truc Chose a répondu: "Non !" haut et fort. Une maladresse blessante, résonnant comme une insulte.

Il y a de quoi vous casser le moral... non ?

Il a par ailleurs accusé la Diaspora éthiopienne de déverser sur les pauvres "donors" des commentaires au vitriol, ce qui m'a particulièrement irritée. Dieu sait s'ils les méritent !

Je ferais bien à M. Quelque Chose Carvahlo une démonstration vitriolique  mais est-ce bien la peine ? Vitriole-t-on un robot domestique ?

Nous avons échangé un bref regard, méfiant et aggressif, des deux côtés. Mon cher mari a raison finalement, ses confrères et supérieurs ne m'aiment pas, ni mon blog. Notez que je ne les aime pas non plus.  ;-) J'ai détesté ce que j'ai lu dans les yeux de M.Truc Carvahlo, un mélange d'arrogance, de cynisme et de culpabilité.

En bref, les éthiopiens peuvent être abattus comme des chiens, parqués dans des prisons sordides ou des camps de concentration ou crever de misère quand leur gouvernement corrompu intercepte l'Aide à toutes autres fins, l'Europe s'en tamponne. Quand il s'agit de la Biélorussie... ou de l'Iraq par contre...

Meles Zenawi restera au pouvoir. Ainsi en ont-ils décidé... Les vrais vainqueurs du scrutin pourriront en prison s'ils ne sont pas condamnés à mort, les dépenses militaires augmenteront encore au détriment d'une population déjà éprouvée, la guérilla s'étendra et la chute prévisible du petit dictateur laissera le pays exsangue...

Enfin, çà, c'est le scénario catastrophe... nous n'avons pas dit notre dernier mot et allons désormais contacter leurs parlements nationaux et leur faire la publicité qu'ils méritent...

Addis Ferengi résolument politiquement incorrecte



(1) Donors, donneurs, j'utilise ce franglais ou sa mauvaise traduction  par commodité, plus court que pays donateurs.

Berhanu Haile a été condamné à 5 ans d'emprisonnement sur la base d'accusations forgées par le régime en place. Son seul crime est d'être un dissident. Il a été arrêté le 27 Janvier dernier. Il est père et mari.



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